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Wednesday, April 17, 2013


LA PARTICIPATION DES  JEUNES DANS LA GOUVERNANCE :
UNE VOIE QUI MENE VERS LE DEVELOPPEMENT DURABLE
 
Que d’engagement rhétorique

 








Depuis quelques années, la problématique de la gouvernance a été identifiée comme un défi majeur que doivent relever tous les acteurs du développement.

L’ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, Koffi Annan déclarait  « la bonne gouvernance et le développement durable sont indivisibles. De l’Amérique Latine à l’Asie en passant par l’Afrique, tous nos efforts, toutes nos expériences le montrent. Sans bonne gouvernance, sans état de droit, sans administration prévisible, sans pouvoir légitime et sans une réglementation adaptée, les financements et les dons les plus abondants ne sauraient assurer la prospérité ».

 Il conviendrait aussi de préciser que la bonne gouvernance ne sauraient être réalisés sans l’intégration effective de cette catégorie qui constitue plus de la moitié de la population mondiale, je veux nommer les jeunes, au processus de gestion et de prise de décisions collectives.

La bonne gouvernance, s’entendant au niveau local, régional voire international, implique  la participation de tous les acteurs sociaux, notamment les jeunes, l’évaluation de leurs besoins, leur information, leur consultation, leur concertation et nécessite la codécision à toutes les étapes de concrétisation des aspirations communautaires.

Il semblerait que, au regard des instruments et des institutions et  mis en place aux niveaux international, régional et local, au regard des recommandations émanant des grandes conférences des Nations Unies ainsi que des conférences tenues à l’échelle régionale et nationale,  tout est en place pour une collaboration et  une implication directes des jeunes dans les programmes et plans d’actions de nos communautés.

Déjà en 1995, l’Assemblée Générale des Nations Unies soulignait dans le cadre du plan d’action mondial pour la jeunesse que « pour pouvoir progresser, nos sociétés doivent, entre autres éléments, être capables d’incorporer ce que les jeunes peuvent apporter à la construction et à la conception de l’avenir. Outre leur contribution intellectuelle et leur pouvoir de mobilisation, les jeunes ont un regard neuf, dont il faut tenir compte ». Mais on se rend compte que malgré cette déclaration de haut niveau, l’état des lieux n’a pas évolué avec les mêmes diagnostics  pessimistes qui se succèdent et se ressemblent, du moins en ce qui concerne l’implication des jeunes dans les processus de prise de décisions comme condition de bonne gouvernance.

S’inscrivant sur cette lancée, l’actuel Secrétaire Général Ban Ki-moon avait promis lors de la présentation du plan d’action de  son deuxième mandat en janvier 2011, la nomination d’un Représentant spécial pour la jeunesse à l’instar de l’ONUFEMMES pour les femmes ou de l’Unicef pour les enfants.

Mais n’a-t-on pas l’habitude de dire qu’entre la théorie et la pratique, il y a toujours un fossé décevant et la participation effective des jeunes dans la définition, l’élaboration et la mise en œuvre des programmes et politiques publics n’échappe pas à cette réalité.

La voix des jeunes s’entend, s’entendent leurs aspirations ultimes













L’implication des jeunes dans les actions de bonne gouvernance constitue une exigence de démocratie et une garantie de respect de leurs droits fondamentaux. Elle rend obligatoire la participation des jeunes au processus de prise de décisions.
 
Cette implication des jeunes dont on fait allusion dans les grandes conférences et dans les politiques des Etats, n’est en fait qu’une illusion. En réalité, il y a plus d’engagement rhétorique à l’intégration des jeunes dans les processus de prise de décisions comme base de politique intérieure ou étrangère, au regard des nombreux défis auxquels la jeunesse est confrontée.

Des difficultés  de formation à la recherche d’emploi en passant par les problèmes de santé, de violences et de délinquance juvénile ainsi que d’autres risques sociaux, les jeunes se sentent marginalisés, abandonnés à leur sort. Le plus souvent leurs causes ne semblent pas être entendues ou prises en compte de manière efficace par la société.

Et cette situation est beaucoup plus préoccupante en Afrique où la jeunesse fait face à un manque criard d’accompagnement sur tous les plans alors qu’elle compose plus de 60% de sa population  âgée de 25 ans et 65 % âgée de 30 ans. La jeunesse africaine souffre d’un mal d’éducation et de formation, d’un mal de santé, d’un mal d’insertion professionnelle avec un taux de chômage extrêmement élevé chez les jeunes qui les expose à un avenir incertain. A cela s’ajoute la guerre et les conflits internes aux Etats qui dissipent tous leurs espoirs et accentuent leurs misères.

N’a-ton pas l’habitude de déclarer que la jeunesse est la force vive de nos nations, l’espoir et la relève de demain. Mais la force de la jeunesse est généralement utilisées à des fins politiques rendant évidente l’inégalité de traitement, l’exclusion des uns, le favoritisme des autres. C’est en tout cas ce qui ressort du constat qui peut être fait entre les jeunes adhérents au parti politique au pouvoir et les jeunes non adhérents qui ne bénéficient pas des mêmes avantages que les premiers  car leurs compétences et leurs profils mis à l’écart devant les mêmes privilèges sociaux.

Cette situation n’est pas sans susciter la réaction des jeunes un peu partout dans le monde pour apporter un souffle de changement imposant la bonne gouvernance à tous les niveaux.

La voix des jeunes dans la voie du changement

                                                      
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les préoccupations des jeunes doiventfigurer parmi les questions prioritaires pour mériter une attention plus sérieuse. Elles doivent être analysées comme des questions de développement et de respects des droits humains.
 
Mais on ne saurait réussir ce pari sans pour autant essayer d’intégrer la société des jeunes et recueillir leurs idées, leurs points de vue. Cela constitue en effet une source non négligeable d’imprégnation des maux et des besoins auxquels les jeunes sont confrontés pour pouvoir mieux les prendre en charge.

Les jeunes doivent être responsabilisés pour pouvoir aspirer  à un changement positif et durable des tendances actuelles. Mais cette responsabilisation doit au préalable répondre au besoin de consultation des jeunes dans les prises de décisions.

Beaucoup  de politiques et programmes élaborés à l’endroit de nos communautés en général et des jeunes en particulier ont échoué à cause du manque voire de l’absence de concertation avec les jeunes qui sont les premiers et les principaux concernés.

Force est de constater que la non prise en compte des voix des jeunes dans les processus de gouvernance participative constitue un déni total à leur droit à la vie, à l’égalité, à la participation et à la liberté.

Ainsi, en mal d’accompagnement et de reconnaissance, plusieurs moyens d’expression sont utilisés par les jeunes pour faire valoir leurs causes. A cet effet, des genres musicaux comme le Rap ou le Slam, traduits dans des paroles engagées, dominent et s’inscrivent dans un mouvement de fortes revendications sociales et d’incitation à l’engagement de la jeunesse.

Les nouvelles technologies de l’information et de communication, notamment les réseaux sociaux sont aussi des porteurs de voix pour la jeunesse.

Mais l’un des moyens d’expression les plus répandus ces dernières années et qui ont apporté plus de changement ont surtout été les manifestations des jeunes dans toutes leurs formes. A travers ces manifestations un peu partout dans le monde, la jeunesse a démontré qu’elle est loin d’être une « spectatrice » du non respect des principes de bonne gouvernance. Elle a su imposer sa force physique et intellectuelle pour pouvoir apporter une ère de changement surtout en ce qui concerne les attitudes antidémocratiques.

La révolution Jasmin qui a pris ses débuts en décembre 2010 en est une illustration parfaite. Comme l’effet de la peste, elle s’est propagée un peu partout dans le monde arabe. Cette descente des jeunes dans les rues pour manifester les malaises sociaux dont ils souffrent n’a pas épargné  l’Afrique de l’ouest avec le cas sénégalais et les villes de Londres en Grande Bretagne, entre autres.

Si certaines de ces manifestations ont connu des répressions policières ou armées violentes, d’autres par contre ont conduit à la prise en compte des revendications sociales imposant le départ de chefs d’Etat ou le retrait de lois tyranniques et arbitraires.

L’implication des jeunes dans les processus de prise de décision, un impératif qui s’impose. Mais quelle approche?














Ne dit-on pas que les jeunes constituent la plus grande richesse et le meilleur espoir pour toute communauté. Mais pour en avoir la confirmation, faudrait-il que la jeunesse soit formée, motivée et imprégnée des principes de bonne gouvernance.
 
Dès lors se pose l’urgence et la nécessité de l’implication effective et efficace des jeunes à tous les niveaux de prise de décisions relatives aussi bien aux sujets et problèmes les concernant directement que ceux qui affectent les communautés.

A cet égard, les politiques de gouvernance locale peuvent être d’un apport considérable et un cadre premier d’intégration, si elles tiennent compte des aspirations des jeunes dans la gestion de proximité des affaires de leurs communes ou communautés rurales.

Dans la manière de prendre en compte la voix des jeunes  dans les processus de développement et de bonne gouvernance, une nouvelle approche a été dégagée lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur la Jeunesse en juillet 2011.

Cette conférence internationale prône  l’instauration d’un dialogue intergénérationnel et la compréhension mutuelle à tous les secteurs de décisions et de mise en œuvre des plans d’actions pour faire face aux défis de l’avenir.

Pour conclure, j’évoquerai juste la phrase magique des jeunes lors de notre dernière réunion régionale de concertation sur la participation des jeunes au développement durable et a la bonne gouvernance au Mali : «  Ce qui est fait pour la jeunesse, sans la jeunesse, n’est pas pour la jeunesse ». 

Le développement international, particulièrement en Afrique ou la population est jeunes, dépendra en grande partie de la participation des Jeunesse.

Un développement durable sans la participation forte et centrale des jeunes et de leurs organisations, est en effet impossible dans ce monde en construction.

Et c’est pourquoi, maintenant, plus que jamais, il est nécessaire de développer un nouveau paradigme en faisant des organisations de jeunesse la porte d’entrée pour assurer leur participation en tant acteur a part entière, dans tous les processus de transformation sociale et de  gouvernance.

Toute personne à un potentiel porteur de progrès, et la jeunes peut constituer une réponse pour elle même et pour la société.

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